La rentrée approchait et j'avais l'impression d'avoir tout oublier des cours de l'an passé. Cette année allait pourtant être très importante pour moi - comme toutes les autres années - alors je ne devais pas être à la traîne. Je devais revoir mes cours et étudier afin de devenir un jour astrophysicienne. C'est en lisant un livre que j'ai eu envie de devenir astrophysicienne. Un merveilleux livre de Marc Levy, auteur français. J'entrai à la bibliothèque où beaucoup d'étudiant se réunissaient pour étudier. En cette veille de rentrée, il y avait moins de monde. Ce n'était pas étonnant, tout le monde profite encore des vacances. De plus, il pleuvait dehors, alors qui sortirait pour aller à la bibliothèque ? Je m'avançai de rayons en rayons, et m'arrêtai aux livres de constellation. J'avais envie de commencer par ré-étudier les étoiles, les soleils et galaxie. C'était un sujet qui me fascinait beaucoup. Petite, j'aimais contempler les étoiles avec mon père le soir. C'est lui qui m'avait appris mes premières constellations. La Grande Ourse.
J'attrapai deux livres sur les constellations et un livre sur la physique. Il fallait que je me force à étudier, je n'avais pas envie de toute oublier. Je cherchais une table sur laquelle je pouvais m'installer. A chaque fois, je choisissais ma table par rapport aux personnes aux alentours. En effet, j'essayais de trouver une personne calme près de qui m'assoir et non une personne bruyante. Nous n'avons pas le droit de parler, mais certaines personnes écrivent tellement bruyamment, tournent les pages tellement bruyamment que ça me déconcentrait. Mes yeux firent le tour de la grande salle et quelque chose attira mon attention. Une jeune fille...
Ce matin en me réveillant j'eus une impression bizarre, le pressentiment que quelque chose allait arriver aujourd'hui. On dit que les sirènes ont un sixième sens très développé et que souvent elles anticipent certaines choses. Je ne savais pas si c'était vrai ou pas, je suis du genre à vivre la vie comme elle vient sans faire attention aux prémonitions ou aux pressentiments, ce que je comptais d'ailleurs faire aujourd'hui.
J'ai prévu d'aller à la surface comme chaque samedi. Cette fois-ci il pleuvait ce qui ne pouvait que me motiver encore plus à m'y rendre car au fond de l'océan on avait pas la chance de voir ces étranges goutes d'eau qui tombaient du ciel, j'ai lu dans d'anciens ouvrages de la famille royale que c'est goûtes qui tombaient du ciel étaient en réalité de la pluie, j'ai trouvé ça très étrange mais en même temps fascinant, ça prouvait à quel point le monde extérieur regorgeait de mystère. Depuis, j'aimais particulièrement me rendre sur terre quand il pleuvait.
J'étais donc assise à ma place habituelle : une table pour quatre personnes quelque peu isolée et à côté d'une fenêtre, pour pouvoir observer ce phénomème qu'on appelait « la pluie ». Cette place me convenait car elle n'était pas proche des autres. Dans cette bibliothèques il y avait plusieurs grandes tables réunies pour ceux qui voulaient lire ou réviser en groupes et quelques tables posées un peu partout dans des recoins plutôt calmes pour ceux qui ne souhaitent pas se mêler au brouahah des étudiants.
J'ai pris plusieurs livres sur la mythologie grecque, j'adorais ce domaine depuis que je l'avais découvert il y a quelques années dans cette même bibliothèque. Cette fois-ci je lisais « l'univers de la mythologie grecque » de Guus Houtzager, un livre qui présentait plus de 200 personnages de cette mythologie avec des suppositions intéressantes sur leurs histoires, je trouvais ça passionnant de se lancer dans la découverte de ces décennies encore peu connues.
Je suis restée plus d'une heure à cette même place, bouquinant tout en triturant mon collier. Habitude que j'avais pris depuis plusieurs années maintenant. Après quelques minutes, je sens un regard perçant se poser sur moi et sans attendre je levais la tête pour tomber sur de magnifiques yeux bruns clairs qui me fixent, bizarrement j'ai le pressentiment d'avoir déjà vue ces yeux et cette lueur quelque part, fichu sixième sens...
Mes yeux firent le tour de la grande salle et quelque chose attira mon attention. Une jeune fille...
Je m'approchai discrètement de sa table, près de la fenêtre. Elle contemplait la pluie comme si c'était un spectacle, elle paraissait submergé par cette kyrielle gouttes de pluie et moi j'étais fascinée par elle. Elle avait de belles ondulations blondes et de telles yeux verts... Un vert si pure, un vert si beau... comme de l'émeraude.
Sur sa table reposait des livres de la mythologie grecque et elle était en train de lire « L'univers de la mythologie grecque » de Guus Houtzager. Je ne connaissais pas trop cet auteur mais la mythologie grecque était quelque chose qui m'avait toujours intéressée également. En bouquinant, elle jouait avec son collier, qui paraissait beaucoup trop petit pour elle. En m'approchant, je pu discerner ce fameux collier. Il était blanc et le pendentif était en émeraude, comme ses yeux... Ce collier était magnifique. J'avais l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Dans un catalogue ? Dans une pub ? Je n'arrivais pas à me souvenir. Je m'approchai encore et plus je m'approchai, plus je sentais...
Ses yeux se posèrent sur moi et je me figea.
Je sentais l'odeur de l'Océan. Cette odeur un peu salée, ce mélange d'algue et de poissons... C'était l'odeur de l'Océan, j'en étais sûre. Mais pourquoi ? Pourquoi cette odeur à la bibliothèque ? Etait-ce moi ? Non, l'odeur n'était qu'à cette table.
Je lui souris, je baissai les yeux vers le chaise devant moi, et m'installai pile devant elle. Cette odeur était agréable et j'avais très envie de bouquiner près de cette fenêtre, près de cette charmante fille, et tout près de l'océan. Je pris l'initiative de lui adresser la parole.
« Ca ne te dérange pas si je me mets là ? » lui demandai-je en lui souriant.
J'aurais sûrement dû lui poser la question avant de m’asseoir, mais il n'y avait aucune raison que je ne puisse pas m’asseoir là. J'avais juste envie de lui adresser la parole. Elle me semblait si familière..
La personne qui me fixe depuis maintenant quelques quelques secondes a des yeux magnifiques, d'un brun clair mais si intense que je crois m'y perdre quelques instants. En regardant plus bas je remarque qu'elle tient dans ses mains deux livres : l'un d'eux sur les constellations et l'autre sur la physique. Choix intéressant pour quelqu'un en quête de savoir tel que moi, la prochaine fois je devrais me renseigner pour des livres sur les constellations, d'après ce que j'ai entendu par les autres sirènes c'était un univers encore inconnu malgré les nombreux livres.
Je remarque que j'ai soutenu un peu trop son regard et que je commence à la fixer trop intensément alors je tourne furtivement la tête. Si ça trouve, elle cherche simplement une table vide. Intérieurement je souhaite qu'elle ne s'installe pas ici. Je suis encore trop peu habitué à parler aux humains et j'ai peur de dire des choses qu'il ne faut pas. Depuis toute petite quand je montais à la surface je faisais attention à éviter le plus de contact possible pour ne pas attirer l'attention des humains ni leurs soupçons sur nous.
D'un autre côté, cette fille me laisse une impression étrange, mon intuition me le dit, je crois l'avoir déjà vu, peut-être est-ce une habituée de cette bibliothèque et que je l'ai juste croisé une ou deux fois avant aujourd'hui sans y prêter attention ? C'est la seule explication logique mais malgré ça je ne suis pas convaincue.
« Ca ne te dérange pas si je me mets là ? » me demande la personne qui me fixait quelques secondes plus tôt.
Je n'avais pas remarqué mais c'est la jeune fille qui cause tant de mal à mon cerveau qui se tient devant moi. Finalement elle a choisi ma table.
Un peu perdue et surprise je lui réponds :
« Non. »
Soudain, je réalise ce que je viens de dire et je m'empresse de lui dire un peu gênée :
« Je veux dire oui ! Oui.. tu peux te mettre là.. »
« Je veux dire oui ! Oui.. tu peux te mettre là.. »
Elle bredouilla pour me répondre, et avait l'air mal à l'aise. Je n'avais pas du tout l'intention de la mettre mal à l'aise au contraire ! Je lui souris, comme si de rien était. Je ne voulais pas qu'elle se sente encore plus gênée. J'ouvris mon bouquin sur les constellations et m'y plongea dedans. La dernière fois je m'étais arrêtée au chapitre sur les étoiles... Je repris là où je m'en été arrêté et commençai à écrire une fiche là-dessus.
Mais je n'arrivais décidément pas à me concentrer. Son collier attirait mon regard, comme s'il m'appelait. Je finis par lui demander :
« Désolée de te déranger, mais je trouve ton collier ravissant, où l'as-tu eu ? »
Après ma réponse plus que suspecte je vois qu'elle est plus amusée qu'intriguée et elle me souris, un sourire chaleureux qui m'attriste, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu. D'avoir déjà eu droit à se sourire avant. C'est comme si une partie de moi était attirée par cette personne, sans que je ne sache pourquoi et ça, ça me fait peur.
Je l'observe pendant qu'elle cherche sa page, toujours avec son livre sur les constellations. Mais je baisse rapidement les yeux sur mon propre livre néanmoins je ne peux m'empêcher de tiquer. Ses gestes sont calculés et même si ce sont des mouvements tout ce qu'il y a de plus banal je trouve qu'elle a une finesse peut comparable. D'habitude les humains sont des créatures stressés et toujours pressés et ne font que rarement des gestes aussi doux. Comment je remarque ça ? A force d'être ici j'ai pu observer le comportement humain et cette fille n'est pas comme eux. Même si physiquement elle en a tout l'air mais moi aussi j'ai l'air d'une humaine alors ce n'est pas un argument valable.
Je suis soudain tirée de mes pensées quand je l'entend parler, me parler. Je la regarde droit dans les yeux, c'est alors qu'elle me pose une question toute simple mais qui me surprend :
« désolée de te déranger mais je trouve ton collier ravissant, où l'as-tu eu ? »
Instinctivement je vais toucher mon collier et je le triture avec mes doigts. Que répondre ?
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